L’idée du pass’sport vient du mouvement sportif. Conçu comme un dispositif d’aide à l’achat de licence, il vise les familles les plus défavorisées, Mais au final ce passage d’une logique d’égalité à une logique d’équité va t-il se retourner contre le mouvement sportif en poussant le club à agir comme un prestataire de services ?
Et si en poussant le pass’sport et donc le soutien aux personnes et pas aux clubs, le mouvement sportif avait (sans le vouloir) redonné la main à l’Etat sur la conduite de la politique publique du sport.
Au ministère des sports en tout cas on ne s’y est pas trompé. Le directeur des sports lors de la présentation devant un parterre de haut fonctionnaires avait clairement indiqué que ses services y jouaient leur crédibilité.
En soutenant les personnes le ministère va prendre les français à témoin sur son engagement pour le sport. Son action va être enfin lisible.
Mais, soutenir une personne (aujourd’hui défavorisée avec un quotient familial inférieur à 600 euros. ) pour acheter une licence c’est un signal faible qui amorce une tendance lourde.
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C’est d’abord entrer dans une logique de discrimination positive,
désormais comme à l’université il y aura les bousiers et les autres.
Pourquoi pas ? Mais c’est aussi inciter les clubs à pratiquer une
politique inflationniste sur le prix des adhésions puisque les plus
défavorisés seront soutenus par ailleurs.
– C’est ensuite le passage d’une logique d’équité à une logique d’égalité.
Le passage d’une logique d’équité à une logique d’égalité.
L’égalité aurait été de verser une aide à tous les jeunes d’une
classe d’age, ce que réclamaient d’ailleurs certains élus. L’égalité
fait échos au principe d’universalité d’accès à la pratique sportive.
L’équité
c’est l’idée de l’égalité « juste » c’est accepter l’idée qu’on n’a pas
tous les mêmes chances d’adhérer à un club. C’est aussi envoyer un
message aux dirigeants et aux licenciés comme quoi l’égalité d’accès aux
clubs ne relève plus de la seule responsabilité des clubs mais de celle
de l’Etat.
Au delà le versement à la personne c’est déjà l’amorce d’une diminution du versement aux clubs. Fini le ruissellement sur le monde fédéral vive l’allocation aux pratiquants. Le club dans ce dispositif sera trés rapidement considéré comme un prestataire de services comme le secteur marchand du sport qui, déjà, revendique d’être éligible au dispositif pass’sport.
Dans cette affaire le ministère des sports (le dispositif est géré par le ministère et pas par l’agence nationale du sport) joue t-il les français, contre le monde fédéral ? l’avenir nous le dira.
Le pass sport fait entrer les clubs dans un double jeu de concurrence, entre les clubs eux-mêmes et entre les clubs et le secteur privé. Le pass’sport renforce le club comme prestataire de service oubliant ses racines associatives et prenant ses distances avec les notions d’adhésion au profit de l’achat d’une prestation.
Pensé initialement pour compenser la perte de licenciés, ce remède à court terme s’avérerait-il déstructurant pour le mouvement sportif à moyen et long terme ?
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