« Je rêve des jeux » le slogan est-il
prémonitoire. Mais obtenir les jeux est-ce un rêve ? Les anglais en ont rêvés,
ils les ont organisés.
Aujourd’hui ils
constatent est baisse significative du nombre
de pratiquants sportifs … depuis les jeux de Londres.
«
L'héritage
de Londres semble avoir été oublié.
Les
statistiques sportives actives sont absolument horribles. « souligne une étude
publiée il y a quelques semaines ! lien vers l'étude
Alors pourquoi rêver des jeux ?
-
Pour faire rayonner la France, obtenir le
maximum de médailles, se doter d’équipements de haut niveau, remplir des
hôtels, montrer le savoir faire français,
laisser un héritage… C’est le
discours officiel
Force est de constater que la
mobilisation n’est pas au rendez vous. Le 27 octobre «
Sur
180 000 clubs en France, dix ont acheté des boîtes de bracelets... «
constatait D Masseglia dans le Parisien.
Difficile effectivement de faire rêver les français à cette
candidature alors que rien dans le quotidien des pratiquants ne les y incite
aujourd’hui. Quant aux clubs comment les mobiliser pour un événement dont ils
pensent aujourd’hui qu’ils en seront exclus ? L’image renvoyée par
certaines fédérations avec notamment des affaires de corruption ou de gouvernance,
renforce cette déconnexion de plus en plus criante entre la base et les
fédérations.
-
Ou pour faire du sport un véritable enjeu de société. C’est selon nous ce qui justifie de se
mobiliser. Dans un contexte où l’objectif est d’organiser des jeux
raisonnables en construisant le minimum d’équipements difficile de plaider un
héritage autre que sociétal.
Pour nous, l’organisation
des jeux n’est pas une finalité mais un moyen. Alors profitons de la
candidature et à fortiori si Paris est désigné, profitons de Paris 2024 pour
faire bouger les lignes.
En premier lieu pour porter une grande politique
d’éducation par le sport.
La force de Paris 2024 est de porter des valeurs
olympiques, et permettre de rassembler
autour d’un projet commun.
Alors imaginons un kit
à l’attention des enseignants qui pourraient utiliser le support des JO
pour les cours d’histoire, de géographie, mais aussi de mathématiques (exemple
des épreuves chronométrées, des sauts…. ) d’instruction civique (respect de la
règle, …. ) un kit pour les éducateurs
dans le cadre des activités péri éducatives et des clubs à l’instar du cube « le
sport ça me dit » de Coca Cola. . Le kit comporterait à la fois du contenu
en terme d’enseignement mais également du matériel d’animation (matériel
sportif, matériel éducatif, …. )
Associons d’abord les collectivités locales à travers un
label « Ville partenaire de la candidature » puis ensuite (…) de Paris 2024. En contre
partie de ce label, les collectivités prendraient l’engagement de développer
des actions, de l’autre Paris 2024
accompagnerait ces collectivités avec des supports de communication, des objets
de promotion et du contenu pédagogique.
Il est illusoire de
penser qu’aujourd’hui la mobilisation autour de la candidature ne peut se réaliser
qu’à travers les réseaux sociaux.
En second lieu pour réformer l’organisation du sport
en France
Avant la
décentralisation le sport en France s’est construit sur une organisation
verticale basée sur la tutelle de l’Etat sur les communes. L’organisation était
simple. La pratique se limitait à la compétition sportive et à l’éducation
physique. Les financements étaient essentiellement publics.
Des années 80 jusqu’à
la première décennie du 21ème
siècle, l’organisation du sport s’est complexifiée en raison notamment de la
création de collectivités territoriales de plein exercice, du renforcement de
l’intercommunalité, de l’apparition d’opérateurs privés qui ont accompagné le
phénomène de massification et de diversification de la pratique sportive.
Durant ces 3 décennies les acteurs du sport sont entrés dans
un processus de contractualisation tout azimut. Le club contractualise avec la commune, l’intercommunalité,
le département, la région, l’Etat et parfois plusieurs fois avec la même
collectivité sur des politiques différentes. Quant aux collectivités
territoriales la règle est devenue le co
–financement des projets ce qui a pour conséquence de ralentir les initiatives
et de compliquer des démarches déjà lourdes. La chasse aux subventions devient la priorité
des acteurs du sport. Très symptomatique le CNDS qui représente moins de 10 % du financement des projets, fait parler de lui
à chaque réunion !
La baisse des dotations de l’état, la diminution des
financements publics et la réforme territoriale signent la fin de ce modèle
fondé sur la hiérarchie contractuelle
et la dépendance publique.
D’ailleurs Bercy enfonce le clou en s’interrogeant sur les
financements publics accordés au sport. Le sport fait partie des 12 politiques
qui seront examinées en 2016 par Bercy pour faire de nouvelles économies (interventions
estimées à 13 milliards d’euros -
cf article les Echos)
La réforme territoriale (loi MAPTAM, loi relative à la
délimitation des régions et loi Notre) est plus qu’un simple changement
d’échelle, un territoire urbain « en plus grand », c’est véritablement
un changement de gouvernance, une nouvelle manière de conduire les politiques
publiques.
La réforme
territoriale c’est l’avènement d’un fonctionnement
en réseau et la mise en place de nouveaux mécanismes de solidarité et de
financements.
La montée en puissance des réseaux est une tendance lourde.
Et pas uniquement les réseaux sociaux qui proposent une façon inédite de vivre
ensemble et de s'organiser, qui induisent de nouveaux comportements comme le
refus de subir et la volonté de s’adapter à des flux, de pouvoir choisir.
L’ubérisation du sport est en marche. La
montée en puissance des réseaux concerne également les relations entre les acteurs
eux-mêmes. Les territoires doivent travailler entre eux. Les villes moyennes
avec les métropoles, les villes moyennes entre elles dans une stratégie
d’ »Amis concurrents » pour peser sur la métropole. Désormais la
solidarité n’est plus verticale face au désengagement de l’Etat mais horizontale.
Dans le sport, ce fonctionnement en réseau reposant sur l’intelligence
collective s’applique à tous les niveaux :
-
Pour le sport pro : peut on avoir plusieurs clubs pros dans la même région à 50 km de
distance ?
-
Pour le HN : une agglomération a t-elle les
moyens de soutenir toutes les disciplines. Peut-on continuer dans certains
territoires à maintenir une politique quasi identique entre la région et
l’Etat ?
-
Pour la pratique à l’échelle d’une Communauté de Communes ou d’une communauté
d’agglomération. Une commune doit-elle offrir toutes les pratiques sportives à
ses habitants ?
-
Faut-il maintenir un comité départemental dans
les départements où est présent un comité régional ?
Cette nouvelle façon de construire les politiques publiques
favorise la logique de négociation et d’échange au détriment d’une logique de
subvention. D’ailleurs de nouveaux mécanismes de financement sont en route
comme le mécénat de collectivités, le crow fonding, l’échange tout simplement,
avec des plateformes de plus en plus performante.
Alors que le sport est défini par
la réforme territoriale comme une compétence
non obligatoire et partagée (c
f notre édito Le sport dans la loi Notre et maintenant que fait-on ?
), il est urgent d’inscrire le sport à l’agenda des conférences territoriales
de l’action publique au lendemain des élections régionales, mais il est encore
plus urgent que les acteurs du sport se prennent en main et se mettent à travailler
ensemble territoire par territoire à la définition de politique sportives.
Dans un courrier daté
du 2 novembre adressé au premier ministre, Denis Masseglia dénonce une baisse
de 8 % des crédits d’Etat affectés aux fédérations sportives, et rappelle que
2016 est non seulement une année olympique mais également l’année de la campagne de promotion de la candidature de
Paris 2024.
Le mouvement sportif est-il capable de peser sur les
décisions politiques ? Un DGA d’une grande collectivité territoriale me
disait récemment :"La différence entre la culture et le sport c’est que
quand tu baisses de 15 % les subventions le mouvement sportif te téléphone pour te
remercier alors que les acteurs culturels qui ne sont pas organisés en tout cas
moins que les sportifs sont capables de se mobiliser en quelques jours pour te mettre la pression et souvent obtenir
gain de cause. ".
Sous réserve que les
acteurs en perçoivent l’intérêt, la
mobilisation tant attendue pour la candidature viendra de la base tout comme le
passage à une nouvelle gouvernance.
Plus que jamais et sans attendre et afin que le rêve
devienne réalité, il est grand temps que les acteurs du sport se mobilisent,
les Français suivront.