La loi portant nouvelle organisation territoriale (Notre) a été promulguée le 7 août dernier. (lien vers la loi)
Le sport au même titre que la culture, le tourisme, la promotion des
langues régionales, l'éducation populaire, est désormais une compétence
partagée.
Exit cependant l'amendement du Sénat qui visait à créer au sein des
conférences territoriales de l'action publique une commission sport et
culture visant à élaborer un schéma territorial de développement
sportif et de développement culturel. La conférence territoriale de
l'action publique pourra toutefois s'en saisir puisque (art L 1111-9-1)
elle « peut débattre et rendre des avis sur tous les sujets relatifs à
l'exercice de compétences et à la conduite de politiques publiques
nécessitant une coordination ou une délégation de compétences entre les
collectivités territoriales et leurs groupements. »
Pas de sport non plus dans les compétences organisées avec les chefs de file (Article L1111-9).
La loi NOTRe officialise donc une situation bien connue
depuis le début des années 80, le sport est une compétence partagée
entre chaque niveau de collectivités territoriales. Mais rien n'oblige
les acteurs du sport à se mettre autour de la table pour définir les
conditions du partage !
Nous relevons en passant l'incohérence liée au fait que :
- d'une
part les CREPS ont été décentralisés sur le modèle des lycées et donc
la région assure de fait la promotion du sport ou à minima le soutien
aux politiques sportives
- et d'autre part, l'article L 4221-1 du CGCT définit les compétences de la région, et fait l'impasse sur le sport
Cet article est ainsi libellé.
« Le conseil régional règle par
ses délibérations les affaires de la région dans les domaines de
compétences que la loi lui attribue. Il a compétence pour promouvoir le
développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique de
la région, le soutien à l'accès au logement et à l'amélioration de
l'habitat, le soutien à la politique de la ville et à la rénovation
urbaine et le soutien aux politiques d'éducation et l'aménagement et
l'égalité de ses territoires, ainsi que pour assurer la préservation de
son identité et la promotion des langues régionales, dans le respect de
l'intégrité, de l'autonomie et des attributions des départements et des
communes. »
Faut-il y voir une intention de faire l'impasse sur le sport ou un simple oubli ?
On relève toutefois que le législateur a prévu que les CREPS puissent
assurer les missions de développement du sport de la région.
L'article
L. 114-3 est ainsi rédigé : « Les centres de ressources, d'expertise
et de performance sportive peuvent, au nom de la région, exercer les
missions suivantes :
« 1° Assurer l'accueil et l'accompagnement de
sportifs régionaux, le cas échéant par le biais de conventions entre
régions fixant les modalités de leur prise en charge ;
« 2° Promouvoir des actions en faveur du sport au service de la santé et du sport pour tous ;
« 3° Développer des activités en faveur de la jeunesse et de l'éducation populaire ;
«
4° Mettre en œuvre des offres de formation aux métiers du sport et de
l'animation, conformément aux besoins identifiés par le schéma régional
des formations. »
En résumé le sport est une compétence partagée,
sans « conseil de famille » pour définir le partage, avec l'état via
les CREPS qui peut exercer les compétences de la région qui elle même
n'a pas formellement de compétence dans le sport si ce n'est comme
compétence partagée !
Plus que jamais le sport est aujourd'hui une compétence qui relève uniquement de choix politiques. Est
ce que les acteurs du sport seront en mesure de se mobiliser à
l'échelle régionale pour peser dans le débat politique et inscrire à
l'agenda des conférences territoriales les politiques sportives ?
Certainement à l'approche des élections on peut parier que tous
les candidats feront la promesse d'inscrire le sport dans les priorités
de la conférence territoriale.
Après les élections, il se pourrait
aussi que cette situation satisfasse tout le monde, une situation qui
permet à chacun de négocier ses marges de manœuvre au service de sa
rationalité.
Mais peut être est-ce trop tôt pour en discuter. Le CNOSF a fait
savoir en mai dernier qu'il souhaitait mettre en place la réforme sur la
fusion des régions en 2020. Pas question ont répondu le ministre et le
secrétaire d'Etat dans un courrier adressé aux fédérations le 21
juillet, il faut « faire coïncider le ressort territorial de vos ligues
ou comités avec celui des directions régionales de la jeunesse, des
sports et de la cohésion sociale ». Et d'ajouter « dans les plus brefs
délais » « idéalement il conviendrait qu'elle soit finalisée dès 2016
et qu'elle entre en vigueur préalablement au renouvellement des
instances dirigeantes des ligues qui doit intervenir à la fin de cette
olympiade en 2016. « « au plus tard le 31 décembre 2017 ».
Face à toutes ces contradictions maintenant que fait-on ?