Cloturant les entretiens de sport et démocratie, V Fourneyron a esquissé dans un discours
les grandes lignes de la loi de modernisation du sport qui sera
présentée en conseil des ministres avant l'été 2014. Ce discours a sans
doute constitué une sorte d'échauffement à une présentation plus
exhaustive devant le conseil national du sport le 30 janvier prochain.
6 axes de réflexion
La ministre a présenté le projet de loi autour de 6 axes.
1
- La relation entre l'Etat et le mouvement sportif, le projet de loi
abrogera le principe de la tutelle sur les fédérations sportives : il
distinguera ce qui relève des missions de service public et ce qui
relève de l'autonomie des fédérations.
2 - Les procédures d'agrément
des clubs sportifs et des fédérations qui seront modifiées au profit
d'exigences en matière de gouvernance.
3 - La reconnaissance de
l'intervention des collectivité et la mise en place d'un dispositif de
coordination entre les acteurs publics au niveau des territoires, en
lien avec le mouvement sportif, sur la base d'un diagnostic partagé,
notamment en matière d'équipements sportifs.
4 - La régulation du
sport professionnel et la solidarité financière. Le pouvoir de
régulation des fédérations disposant d'un secteur professionnel,
constituera une mission de service public à part entière.
5 - Le
volet social du droit du sport avec la consolidation du statut des
arbitres et des juges et une volonté de faire évoluer la formation
professionnelle et de la certification des titres et diplômes
professionnels
6 - Un volet important consacré à l'éthique du sport
Pour
être complet, Valérie Fourneyron avait développé sa volonté d'inscrire
la pratique physique sur ordonnance et les pistes à l'étude permettant
davantage responsabiliser les sportifs sur leur « aptitude" à la
pratique » (le certificat médical pour l'obtention de la licence).
On salue ce travail de clarification et d'orientation tout
en constatant l'absence de sujets essentiels comme le haut niveau, le
financement du sport , la fiscalité, ... . La ministre a posé la
question clé, "est-il bien nécessaire de légiférer, me direz-vous, alors
que le mouvement sportif a montré sa capacité à établir ses propres
règles et à les faire respecter ? Cette question est légitime."
"Mais la législation du sport ne contrarie pas le pouvoir propre du mouvement sportif." a t elle répondu.
Des
propos qui font certainement écho à ceux de Denis Masseglia qui début
décembre en appelait au premier ministre et ne souhaitait plus que le
mouvement sportif soit l'exécutant des politiques d'Etat.
Des propos qui anticipent également le projet pour le sport français qui sera présenté jeudi 9 janvier lors de l'assemblée générale du CNOSF,
un projet qui a fait l'objet de plusieurs séminaires et d'une
concertation avec le mouvement sportif depuis 6 mois. Un projet qui
porte l'ambition "de passer d'une nation de sportifs à une nation
sportive" avec à la clé, "la rénovation du modèle sportif français".
Un
projet qui contient une quarantaine de préconisations dont certaines
trouvent déjà des réponses dans les propositions de la ministre.
Reste
toutefois des sujets épineux comme le pilotage du Haut niveau, le
statut des cadres d'Etat placés auprès des fédérations sportives, le
rééquilibrage des pouvoir au sein des différentes instances dont le
CNDS, le financement du sport, ...
On a aujourd'hui le sentiment que 2 visions du sport s'affrontent,
L'une qui considère que le rôle de l'Etat est essentiel (la ministre le rappelle dans son discours du 6 janvier).
L'autre
qui revendique l'autonomie du mouvement sportif et qui considère que
l'intervention de l'Etat est un modèle issu des années 60 qui n'est plus
en phase avec l'évolution du sport en tout cas qui remet totalement en
cause la tutelle de l'Etat (cf les prises de position de D Masseglia Le mouvement sportif ne veut plus être un exécutant des politiques de l'Etat Localtis).
Nous
avons le sentiment au regard des informations dont nous disposons que
le débat sur le modèle n'est pas abouti. La ministre des sports, a fixé
comme ambition d'écrire une loi de même portée que la loi Avice du 16
juillet 1984 et non une loi technique de plus.
Pour arriver à cet
objectif nous pensons qu'une réflexion approfondie sur la définition du
service public du sport d'une part et du périmètre d'intervention de
l'Etat d'autre part s'impose. Il va de soit que ce débat doit avoir
comme point d'entrée la spécificité de l'organisation sport et en
particulier du fait de sa relation avec le niveau international
(fédérations, CIO).
Il serait tout à fait logique que ce débat
intervienne au sein du conseil national du sport (qui sera réuni le 30
janvier) , dont la mission est d' "examiner toute question d'intérêt
commun relative à la définition et à la mise en œuvre de la politique du
sport."
Mais il aurait sans doute été opportun d'en débattre
avant, afin de fixer collectivement des orientations à une loi sur le
sport, afin de dresser les grandes lignes du modèle. Si ce travail de
réflexion préalable a été fait, nous le saluons (et nous comprenons
tout à fait qu'il ne puisse être développé dans un simple discours),
mais nous n'en avons pas connaissance. Nous pensons que cette réflexion
est essentielle au risque de faire une nouvelle loi technique et donc
de prolonger le modèle actuel.
Bonne année à tous les acteurs du sport et tous nos lecteurs.
Patrick BAYEUX a réagi, le 7 janvier 2014, aux propos tenus la veille par Madame Valérie FOURNEYRON, ministre chargée des
RépondreSupprimersports, à l’occasion de la clôture des entretiens de Sport et Démocratie, en appelant de ses voeux un débat sur les grandes lignes
du modèle sportif français « afin de fixer collectivement les orientations de la future loi » de modernisation du sport.
C’est dans ce cadre et à partir de ma modeste expérience professionnelle que je souhaite aujourd’hui contribuer à la réflexion
collective.
La question centrale est bien celle des missions d’un service public du sport à la française, qui est au coeur du système français
d’organisation du sport.
Lire la suite sur http://www.acteursdusport.fr/CMT_CODE/CMT_ACTU_RESEAU/TPL_CODE/TPL_CMT_FICHE/CMT_REF/68240/RETOUR_TPL//Find/1/562-actualite.htm
Jean-Pierre BOUCHOUT inspecteur général de la jeunesse et des sports honoraire 9 janvier 2014